« Le dernier refuge » : Plongée dans l’univers artistique de Ziyad El Mansouri (Interview)

2M
Sara Afifi, 2M, Mai 29, 2025

 

Explorant l’interaction entre l’imagination et la réalité, Ziyad El Mansouri bâtit un univers qui lui est propre à travers ses œuvres d’art, aussi percutantes que symboliques. Son exposition « Le Dernier Refuge » est une immersion dans les contrastes, où chaque nuance est un témoignage de la condition humaine et de son rapport au monde.
2M.ma revient avec l’artiste peintre sur sa vision du « refuge », la profondeur de ses toiles, et son rapport à l’art.

Interview : 

 

2M.ma : Le titre de votre exposition, « Le Dernier Refuge », évoque une idée à la fois intime et universelle. Pour vous, que symbolise ce refuge ?

Ziyad El Mansouri :
Dans un monde où tout s’accélère, où les repères s’effondrent, la peinture reste pour moi un espace intact, silencieux, essentiel. C’est le lieu où je me retire quand plus rien n’a de sens, un territoire intérieur où je peux me reconnecter à ce qui est profond, instinctif, sacré.
C’est un refuge contre le vacarme du monde, mais aussi contre mes propres chaos. Un lieu où je dépose ce que je ne peux pas dire avec des mots, où je transforme le trouble en lumière, la confusion en rythme, le doute en forme.
C’est à la fois mon abri et mon cri.

Vos toiles dégagent une profondeur presque méditative. Jusqu’à quel point votre vécu, vos souvenirs ou votre histoire personnelle influencent-ils votre démarche artistique ?
Mon histoire personnelle est le cœur de tout ce que je crée.
Je ne cherche pas à raconter ma vie, mais chaque toile est traversée par mes états intérieurs : des souvenirs, des rêves, des blessures parfois, mais aussi des élans de lumière.
La peinture est une manière de transformer l’indicible en formes et en silences.
Certains motifs, comme les cercles, les sphères, le croissant, reviennent souvent, parce qu’ils viennent d’un rêve d’enfance, d’un espace de perception très ancien en moi...Je peins pour comprendre ce que je ressens, pas pour l’expliquer.

À l’heure où tout semble s’accélérer, où les repères vacillent, pensez-vous que l’art a encore ce pouvoir d’être un abri, pour ceux qui le créent comme pour ceux qui le contemplent ?
L’art est un des derniers lieux où l’on peut ralentir. Où l’on peut ressentir sans être jugé, où l’on peut s’arrêter devant une émotion pure, sans bruit.
Pour moi, peindre, c’est une manière de rester vivant, sensible, présent.
Et je pense que pour ceux qui regardent, qui entrent dans une œuvre avec le cœur ouvert, cela peut devenir un refuge aussi : un miroir, un souffle, un silence habité.
L’art ne sauve pas du monde, mais il permet parfois de rester debout dedans…