Donnant à voir une " peinture sacrificielle", selon le philosophe et poète Hassan Wahbi, les toiles de Youssef Wahboun sont une constante exploration de la condition humaine, du spectacle à la fois tragique et grotesque auquel se réduit le quotidien de l'homme. Sa peinture frappe d'abord par la texture qu'elle confère aux corps et à l'espace, une corporéité très rugueuse, obtenue d'une pâte traversée de sable concassé et de lambeaux de tissu, qui, jonchant les chairs, donnent l'illusion de bubons, de crevasses et de fissures. Autant dire que la surface plastique devient pénible à manier, la peinture laborieuse, impraticable. En fait, cette texture du malaise est nécessaire à la création de ces personnages pourchassés qui évoluent dans les compositions de l'artiste, des hommes et des femmes allégoriques, traduisant, avec autant de cocasserie que d'austérité, les formes d'humiliation que subit l'humanité contemporaine, irrévocablement prise dans le piège d'une mondialisation qui abrutit pour mieux exalter les haines.