Né en 1974 à Sidi Mokhtar, étape pittoresque entre Essaouira et Marrakech, AbderrahimTrifis appartient à la famille Oulad Bou Sbaâ, des transhumants originaires du Sahara, reconnus pour la confection de tapis arborant des motifs empreints de la vie nomade.

 

Il quitte l’école très tôt en 1985-86 à l’issue d’études primaires. A cette époque, la poursuite des études au collège nécessitait de se rendre à Chichaoua, situé à 25 kilomètres de sa résidence. Contraint par ces circonstances, il s'engage dans le commerce avant d'ouvrir son propre salon de coiffure au cœur du souk en 1990. Il peignait par vocation mais d’une manière sporadique.

 

L’une de ses premières œuvres remonte à 1996 : elle lui a été inspiré par ces images d’Épinal qui portent sur les légendes dorées des saints et des prophètes que des marchands ambulants vendent dans les souks et lors des moussems : elle représente l’ascension du Prophète sur le Bouraq la nuit du destin.

 

En 2005, ayant visionné une émission sur les peintres singuliers d’Essaouira, ces artistes autodidactes issus, comme lui, de l’arrière-pays, Trifis décide de saisir l'opportunité en présentant trois petits tableaux à la galerie eponyme Damgaard. Cette démarche marque le début de sa collaboration avec le critique d'art danois établi à Essaouira depuis le début des années 1980. Il s'affirme ainsi comme la dernière trouvaille de ce critique. En 2008, il franchit une étape décisive en abandonnant définitivement son métier de coiffeur pour se consacrer pleinement à son art.

 

Trifis se distingue par une prodigieuse expressivité créative, puisant inconsciemment dans les archétypes de ses ancêtres nomades. Il s’inspire de son environnement, à la fois fauve et lumineux, explorant les horizons intérieurs à travers un imaginaire captivant.

 

Reconnu pour son style onirique et métamorphique, Trifis crée des œuvres empreintes d'une profonde connexion avec la nature et les contes populaires. Sa démarche artistique associe harmonieusement des éléments figuratifs et abstraits, donnant naissance à des compositions colorées et abstraites qui témoignent de son univers créatif.

 

Parmi les thèmes récurrents de l'œuvre de Trifis, « La fiancée de l’eau » se distingue, marqué par une fascination persistante pour les sirènes, qui hantent son imaginaire artistique.